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AVANT-PROPOS
J'estime que la Galerie d'art de l'Université de Moncton se doit de mettre en relief la production des artistes visuels acadiens. La GAUM a certes comme mandat d'exposer des productions contemporaines dans le domaine des arts visuels. Plus spécifiquement elle est tenue d'examiner et d'étudier minutieusement ce que nos artistes réalisent, de façon à permettre au public de reconnaître leur travail et leur apport dans notre société.
À l'avant-première du développement des arts visuels en Acadie, Claude Roussel s'avère être celui qui a su donner aux autres le goût de la production contemporaine dans cette discipline. Souvent renié, souvent oublié et contesté, il n'en demeure pas moins que Roussel a su élever une excellente fondation sur laquelle nous bâtissons.
En 1963, alors que je doutais de l'intérêt des Acadiens pour l'art, l'Université de Moncton m'invita à collaborer à l'éducation supérieure en Acadie. Cette option a modifié mon degré de concentration, l'orientation et le volume de ma production et mon attitude à l'égard du marché de l'art. Elle a satisfait mon désir de partager mes expériences et de participer au rattrapage culturel en Acadie où tout était à bâtir dans le domaine des arts visuels. Le contact régulier avec des étudiants, des collègues et d'autres artistes m'a forcé à renouveler sans cesse mon idéologie et à garder un esprit de recherche. Forcément, je me suis intéressé aux politiques culturelles sans me gêner de faire des représentations, ce qui a pu nuire à la diffusion de mes oeuvres.
(Herménégilde Chiasson et Patrick Condon Laurette, Claude Roussel sculpteur, Moncton, Éditions d'Acadie, 1985, p. 10).
La majorité des études qui analysent la production visuelle de Roussel ont interprété un ensemble d'oeuvres extrêmement versatiles et variées de sorte que cette production s'étale à nos yeux comme ayant été très disparate. J'estime, sans vouloir diminuer la valeur de sa production tridimensionnelle ou picturale, que les reliefs sont d'une importance capitale dans sa carrière et que l'évolution créatrice de Roussel peut adéquatement être démontrée par l'entremise de ceux-ci. C'est pourquoi au stade embryonnaire de cette exposition, et ce malgré une certaine réticence de la part de Roussel lui-même qui encore une fois voulait entremêler styles et techniques, j'ai tenu à ce que le conservateur invité, Patrick Condon Laurette, traite uniquement de l'évolution des reliefs. Je tenais à priori à ce que cette exposition, et le document d'interprétation qui l'accompagne, nous démontrent qu'effectivement il y a un parcours, une démarche, une recherche créatrice, et qu'il était possible de trouver un fil conducteur dans la production de Roussel. Peut-être pourra-t-on dans un futur rapproché démontrer que Roussel a développé dans sa carrière artistique non pas une, mais plusieurs démarches, et ce de façon parallèle.
La Galerie d'art de l'Université de Moncton est fière d'offrir cette rétrospective des oeuvres en relief de Claude Roussel. Qu'il nous soit permis d'espérer que nous serons en mesure de produire prochainement d'autres études comparables qui interpréteront la production et l'apport de des artistes visuels en Acadie.
Je remercie l'artiste Claude Roussel pour son intérêt et sa collaboration. J'exprime aussi ma gratitude à Patrick Condon Laurette pour la justesse de son jugement et son efficacité. Finalement merci à tous ceux et celles qui ont participé à la réalisation de cette exposition.
Luc A. Charette
Directeur-conservateur, GAUM
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