LE PAPIER, le 18 mai 1997, pages 34 et 35.

 

Arts et spectacles

Métamorphoser l’indestructible

Choisie parmi les candidats convoitant une place au volet culturel des Jeux de la Francophonie, Marie-Hélène Allain a fait ses premières armes il y a 26 ans à la suite d’une formation en sculpture à l’Université du Québec à Montréal.

Stéfan THÉRIAULT

Interprétation de l'oeuvre

C’est à Sainte-Marie, dans son atelier, que Marie-Hélène Allain m’a reçu pour me donner un aperçu de son art. L’atelier regorgeait de sculptures et un lourd porte-charge orange, debout, juste à côté de l’entrée, semblait monter la garde. Le sol de la seconde section, où l’artiste se livre à son travail, était parsemé de débris de pierre.

Au centre de l’atelier se trouvait une immense pierre de quelques centaines de kilo qui prend forme lentement mais sûrement. Attentif comme un écolier qui craint de couler son examen, j’ai écouté tout ce que Mme Allain m’a révélé au sujet de cet imposant morceau reposant au centre de l’atelier, sur une solide structure composée de nombreux blocs de bois. Elle prépare en ce moment une pierre tombale. Morbide comme projet? Pas du tout. En Italie, cette pratique est courante et très vivante. D’ailleurs, cette approche artistique a quelque chose d’indéniablement noble et de majestueux. Honnêtement parlant, et sans aucune intention de dépouiller le sacré, elle sera plus jolie que les pierres tombales manufacturées.

Ce qui diffère dans ce cas-ci, c’est l’approche symbolique. Les sculptures des cimetières italiens sont plus souvent de tendance réaliste; l'expression et la forme des visages traduisent à ce moment l’intraduisible, les émotions, les contradictions.

Un adolescent, mort à la suite d’un accident de motocyclette, est à l’origine de l’oeuvre en progression. Marie-Hélène veut ainsi célébrer non pas la mort mais la vie et éveiller les sensibilités au mystère par le truchement de la sculpture.

" Ce que l’on a en soi ce n’est pas que du cérébral ", m’a-t-elle dit en me parlant

de l’angle sous lequel elle attaque la pierre.

Une oeuvre comme celle-ci, comme c’est souvent le cas d’ailleurs, demande quelque temps d’hésitation avant d’en arriver à une conception réalisable. Une fois l’idée en place, la maquette complétée, le bloc de pierre subit les premières entailles.

Marie-Hélène Allain prévoit travailler à ce projet près de deux autres mois. Le résultat devrait, si l’idée ne change pas trop en cours de route, donner une pierre d’une hauteur d’à peu près 120 centimètres (quatre pieds).

Les nombreuses expositions qu’elle a déjà à son compte augmentent régulièrement. Une exposition à Sunbury Shores du 20 juin au 10 juillet, une autre à Québec en octobre, une troisième à Wolfville en N.-É. et une quatrième au Musée du N.-B. en 1999 sont déjà prévues dans son emploi du temps.

C’est du 27 août au 6 septembre, au Madagascar, que la sculpteure participera aux Jeux pour représenter le N.-B.

Une des sculptures qui se trouvera au Magadascar cet été.

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