Galerie d'art de l'Université de Moncton
Communiqué de presse en
date du 25 février 2002

Exposition démesurée à la Galerie d'Art de l'Université de Moncton

Du 6 au 31 mars, la Galerie d'Art de l'Université de Moncton (GAUM) présente Combats, une impressionnante exposition duo de Gilles LeBlanc et de Mario Doucette.

La douleur et le plaisir sont les deux thèmes qui ressortent le plus dans la nouvelle pièce de Gilles LeBlanc. Le spectateur aura à subir une certaine douleur corporelle avant de visualiser la grande toile mise à leur disposition. Éclairée par un néon, cette peinture de grand format nous ramène à certains thèmes et certaines formes utilisées précédemment par l'artiste. Cependant, le médium de la peinture s'est nouvellement introduit dans le travail de LeBlanc, décision prise pour rajouter, à sa poursuite visuelle des textures qu'il ne pouvait pas obtenir avec le médium de l'estampe. Tout en créant une curiosité pour ceux et celles qui poursuivre le travail de l'artiste en utilisant un nouveau médium de création, cette nouvelle création nous amène à voir d'autres méthodes de création. Avec la présentation de quelques monotypes avant d'entrer la pièce, LeBlanc nous entraîne dans une odyssée visuelle et corporelle d'invraisemblable.

La démarche de Mario Doucette est surtout axé sur l'étude de la couleur. Le but de cette recherche est de démontrer comment la couleur conditionne la réaction du public. Les sujets de Mario, quelques fois macabres, sont souvent peints dans un arrière-plan naïf. La guerre, par exemple, est plaisante à regarder quand on la présente sous forme de bande avec de couleurs vives. L'idée est de présenter des sujets à la fois agressifs et élégants.

Le vernissage de cet événement artistique majeur va se dérouler le mercredi 6 mars de 17h à 19h à la Galerie d'art de l'Université de Moncton, Pavillon Clément-Cormier.

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Pour plus d'information, veuillez contacter :
Luc A. Charette ou Nicole LeBlanc, GAUM

Téléphone : (506) 858-4088
Courriel : leblanna@umoncton.ca

 
>>> Liste des oeuvres présentées dans cette exposition
>>> Reproductions des oeuvres présentées dans cette expositions
 

La guerre: du jeu au cauchemar
Par David Lonergan

Référence : L'acadie NOUVELLE, 15 mars 2002 (Tintamarre, semaine du 15 au 21 mars 2002)

Si la guerre n’était que le jeu que nous propose Mario Doucette dans ses tableaux, on pourrait en rire et s’en amuser. Comme pour tempérer la naïveté de Doucette, Gilles LeBlanc nous demande d’aller pieds nus dans la gravelle vers son tableau que l’on ne peut découvrir qu’après cette marche. Le tout habite la Galerie d’art de l’Université de Moncton.

Mario Doucette s’inspire de l’enfant qui est en lui à un point tel que l’on peut se demander s’il a quitté cet âge. Fasciné par la bande dessinée, hanté par le phénomène de la guerre, il explore depuis quelques années l’imagerie guerrière dans des tableaux aux couleurs vives qui contredisent ou tempèrent la théorique violence des dessins. Les personnages peuvent tomber sous les balles, les avions larguer leurs bombes, les bâtiments s’écrouler, on demeure plus amusé qu’inquiet. Distanciation salutaire ou inconscience? Doucette joue avec ses personnages comme l’enfant le fait avec ses Playmobils ou ses Légos. Mais alors que chez l’enfant, le jeu est partie intégrante de l’apprentissage, de l’appropriation du réel, chez Doucette, il revêt une dimension satirique dans laquelle le caractère ludique, instinctif chez les enfants, devient réfléchi. Il «joue» à la guerre comme d’autres jouent à Risk (deux des tableaux sont d’ailleurs des «plans» d’invasion du Nouveau-Brunswick) sans se soucier plus avant de la réalité de la guerre.

L’Accent Acadien: Francine DionGilles LeBlanc avec sa fille Jade.L’Accent Acadien: Francine DionMario Doucette entre deux de ses œuvres.

Les murs de cette salle ont été recouverts d’un tissu aux couleurs des costumes de guerre et l’éclairage cerne bien les œuvres, créant un contraste qui accentue les coloris des tableaux tout en nous donnant l’impression d’entrer dans un jeu. Univers onirique, univers enfantin que l’on retrouve dans la «petite» salle où il présente ce qu’il appelle ses Pages mobiles. De fait, il s’agit d’une série de 12 tableaux comme autant de pages «arrachées» d’un cahier d’exercices «Hilroy» (la première œuvre en est la reproduction de la couverture). On y retrouve aussi bien une Étude pour «À l’assaut 2», une des toiles de la série Guerre, que des pages de son journal intime et des devoirs scolaires de niveau élémentaire. Là encore, le jeu prime.

D’une exposition à l’autre, Doucette est constant avec lui-même et ses tableaux ne sont pas sans évoquer en moi sa «carrière» de chanteur dans le groupe Mario Poupette et ses Chevettes: c’est toujours la même approche, entre satire et naïveté, un gigantesque clin d’œil à la vie: après tout, pourquoi faut-il à tout prix «faire sérieux»?

Tout autre est la démarche de Gilles LeBlanc. Sa partie de cette exposition occupe le corridor qui mène à la grande salle et celle-ci. Dans le corridor, huit monotypes, tous intéressants. LeBlanc est un des meilleurs graveurs à être sorti du Département d’art visuel de l’Université de Moncton et, si son univers est fort différent de celui de Jacques Arseneault, il en a retenu l’art de ciseler chacune de ses gravures. Les couleurs sont riches, les formes plutôt géométriques évocatrices, et la composition intrigante. Belles, douces – presque tendres – et pourtant porteuses d’un univers mécanique comme si elles dévoilaient des rouages, elles s’offrent au regard et nulle surprise qu’on ne se lasse pas de les observer.

La surprise est d’autant plus grande quand on entre dans la grande salle. Une généreuse couche de gravelle recouvre le sol. L’artiste souhaite que l’on affronte cette «plage» pieds nus, rappel de ces plages de galets et de cailloux qu’il faut affronter avant de rejoindre le doux sable que recouvre la mer et de se délasser dans l’eau. Petite «douleur», petite marche obligatoire si l’on veut jouir de l’eau.

À l’autre extrémité de la salle, un grand tableau (6 pieds par 8) dont on ne voit que le cadre et, sur le mur un découpage au néon qui, on le découvrira, reprend la forme de l’élément central du tableau. Sur la gravelle, quatre ensembles formés de troncs d’arbres, comme autant d’îlots, placés sur une même ligne en plein centre de la salle, perpendiculairement par rapport au tableau. L’éclairage est sombre et le gris de la gravelle crée une atmosphère de fin du monde que les «restes» des arbres vient souligner: la guerre «pour rire» de Doucette serait-elle devenue cauchemar?

Lentement, on s’approche du tableau, délicatement éclairé. Une œuvre abstraite, réminiscence des textures des gravures et en même temps de ces croix qui ont habité certaines œuvres de LeBlanc. En bas du tableau, calligraphié en lettres détachées, le titre qui dit tout: Diablo. L’effet est saisissant. On demeure là, entre tableau et néon, les pieds dans la gravelle, muet. Et si, un jour, il ne restait plus sur la terre que cette forme, cette terre inculte et ces troncs d’arbres morts?

Gilles LeBlanc avait exposé il y a quelques semaines à la Galerie 12 deux autres toiles porteuses du même esprit. Lui qui n’avait pour ainsi dire jamais exploré la peinture s’impose par des œuvres originales et fortes dans laquelle les acquis de la gravure trouvent leur place.

À voir jusqu’au 31 mars.

 

Entre la guerre et la douleur
Référence : L'Acadie NOUVELLE, Isabelle Lacroix - 6 mars 2002

MONCTON - Les artistes Mario Doucette et Gilles LeBlanc présentent une exposition dont les oeuvres se rejoignent par le titre, Combats, mais qui n’en sont pas moins très différentes. Mario Doucette explore entre autres le thème de la guerre et Gilles LeBlanc celui de la douleur physique.

«J’ai une salle qui aborde le thème de la guerre, explique Mario Doucette. Je pensais que ce serait intéressant de me donner le titre Combats. Gilles à aimé ça. Ça reflète un peu sa démarche, les thèmes qu’il utilise. L’installation qu’il fait se rapproche de la douleur. Lui, c’est plus un combat émotionnel; moi, c’est la guerre.»

Pour le reste, les deux artistes proposent un travail, une démarche différente.

Dans l’une des salles, huit grands formats, des acryliques sur toiles abordent la guerre d’une façon un peu naïve, à la façon d’un enfant.

«Ce sont des toiles d’images de guerre, explique Mario Doucette. C’est très naïf comme style. C’est comme de la bédé avec beaucoup de couleurs.»

Ces couleurs offrent un contrepoids au côté dramatique du sujet. L’artiste fait en quelque sorte une étude de la couleur.

«C’est fort comme sujet parce qu’il y a des bombes, des villes qui se font détruire, mais c’est fait avec beaucoup de couleurs. Les gens ne voient pas ça comme déprimant. C’est un peu ça mon but, de rendre les sujets qui sont agressifs, de les traiter comme un enfant de six à huit ans le ferait.»

L’autre salle aborde une autre facette encore de la création, quand les gens dessinent en parlant au téléphone ou durant un cours. Une douzaine d’oeuvres sur bois reproduisent l’idée de la feuille mobile avec ses textes et ses dessins.

«Je reprends les pages mobiles avec des notes scientifiques, mais, dans les marges, il y a toujours des numéros de téléphone, des carrés qui ne font pas de sens. C’est plus cet aspect-là. Ce qu’on fait quand on n’y pense pas vraiment, quand on dessine, c’est très spontané.»

Pour ce faire, Mario Doucette s’est inspiré des notes de ses amis, qui travaillent dans différents domaines.

«Il y a un avocat, des gens en musique. C’est intéressant de voir ce qu’ils font comme gribouillage. Il y a des gens qui font des formes géométriques, d’autres qui font des personnages. D’un avocat à un artiste, ça se ressemble beaucoup.»

La page mobile est devenue du bois. Elle n’a pas perdu ses lignes bleues.

«Il y a des notes de cours. Tu vois sur la page quelques formules, des graphiques, très standard comme note. Mais dans les marges, tu as toutes sortes de choses, du gribouillage.»

Gilles LeBlanc présente, dans l’une des salles, une peinture de grand format, mais il a également ajouté une installation qui permettra aux visiteurs d’expérimenter une sensation physique. L’installation ramène à sa jeunesse.

«Pour me rendre au bonheur, à la plage, il fallait que je marche pieds nus sur de la gravelle. Il y avait de la douleur avant le plaisir. J’ai décidé de faire un genre d’installation avec une grosse peinture qui fait face au mur, au fond de la galerie. Pour se rendre là, je vais mettre de la gravelle sur le plancher. Pour se rendre à la toile, il faut que tu te mettes pieds nus et que tu marches sur la gravelle.»

L’exposition de Mario Doucette et Gilles LeBlanc se déroulera du 6 au 31 mars à la Galerie d’Art de l’Université de Moncton (GAUM). Le vernissage aura lieu ce soir mercredi.