Quand veillent les hiboux
Sylvie Mousseau - 5 juillet 2002 (http://www.capacadie.com/acadienouvelle/detail.cfm?id=51457)
MONCTON - Si Lise Rocher a choisi les hiboux pour représenter les artistes,
c’est qu’ils vivent la nuit; un temps privilégié d’inspiration et de création.
Sylvie Mousseau L’Acadie NOUVELLE
L’artiste, qui a terminé son baccalauréat en arts visuels cette année, présente La nuit des hiboux à la Galerie d’art de l’Université de Moncton, jusqu’au 28 juillet. L’exposition réunit d’immenses sculptures constituées d’assemblages de pièces de fer, de terre et de pierre. Les oeuvres, placées en cercle dans la grande salle de la GAUM, sont assez imposantes et impressionnantes. Il s’agit de couples de hiboux qu’elle a baptisés Riopelle, Picasso, Dali, Matisse, et ainsi de suite. «Je les admirais beaucoup et c’est pour ça que j’ai choisi ces personnages pour les représenter. Ce sont des sacrés et j’étais certaine que ceux-là, au moins, à peu près tout le monde les connaissait», déclare-t-elle. Au centre de cette réunion, on retrouve le personnage de Grey Owl, le plus important de sa collection de hiboux. Pseudo-indien, homme mystérieux caché dans les forêts canadiennes au Québec, il était l’ami de Riopelle. «Je connaissais un peu Riopelle et où il habitait. J’avais vu sa maison. Il avait attiré mon attention, alors j’ai étudié un peu l’histoire de Riopelle qui parlait entre autres de Grey Owl, un de ses amis, pseudo-indien. C’est de cette histoire-là que je suis partie pour créer mon projet de hiboux», raconte Lise Rocher. Après avoir complété une concentration en céramique et en sculpture à l’Université de Moncton, Lise Rocher a travaillé pendant trois années à ce projet. Le hibou représente l’artiste qui travaille la nuit pendant que les gens dorment. Selon elle, les hiboux, comme les artistes, sont des gardiens de la vie. «Les artistes écoutent l’actualité. On est près de tout ce qui se passe dans la vie et on essaie d’exprimer tous individuellement, personnellement, comment on peut réagir face à ces événements», confie Lise Rocher. Elle a décidé de présenter ses personnages en couple puisque la vie est ainsi faite. «Dans la vie, dit-elle, si on veut se reproduire, on doit s’accoupler.» Elle représente assez subtilement la famille aussi. Malheureusement, Françoise Riopelle est seule puisque Riopelle a été volé en janvier alors qu’il était exposé au Centre étudiant. Lise Rocher a refait deux personnages de Riopelle qu’elle présentera au Festival des arts visuels en Atlantique de Caraquet, en fin de semaine. «Je suis allée l’an passé et j’ai trouvé ça absolument merveilleux. C’était bien monté, c’était tellement agréable et il y avait des très bons artistes. Cette année, je vais participer», poursuit-elle. Réaliser de grandes oeuvres nécessite beaucoup d’énergie. Ce sont des pièces puissantes, imposantes et très lourdes qui pèsent plusieurs centaines de livres. «J’ai dépassé mon 50 ans, alors je voulais me démarquer. Je voulais montrer que même si on est des femmes toutes petites, toutes minces, on a quand même du caractère et on peut faire des choses assez importantes dans la vie», explique-t-elle. Elle aimerait bien que ses oeuvres voyagent, non seulement à travers le Canada, mais un peu partout dans le monde. Lise Rocher a loué un atelier dans une carrière à Shédiac et elle donnera des cours de peinture cet été. «La peinture est quelque chose qui m’aide à me détendre tandis que la sculpture est quelque chose de très dynamique et de très physique. Disons que la peinture serait comme mon intérieur tandis que la sculpture représente mon extérieur», ajoute-t-elle.