Référence : Mousseau, Sylvie, L'Acadie NOUVELLE, 30 janvier 2002, page 22 |
Retranscription : La paix avant tout MONCTON - La Galerie
dart de lUniversité de Moncton (GAUM) reçoit
une exposition tout à fait originale qui porte sur la paix créée
par Lise Robichaud, une Acadienne du Nouveau-Brunswick, et Shahla Bahrami,
une Ontarienne dorigine iranienne. Présentée du 30 janvier au 3 mars, Correspondance pour la paix réunit des installations de Lise Robichaud et de Shahla Bahrami. Ces deux artistes, qui sétaient rencontrées à Rouyn-Noranda dans le cadre du projet lÉchangeur, ont décidé dunir leurs talents pour monter un événement artistique pour la paix, une exposition qui a séduit tout de suite les responsables de la GAUM. Initié par Lise Robichaud, le projet a commencé à prendre forme en décembre. Les deux artistes ont élaboré lexposition via Internet, le courrier et le téléphone. Papiers, enveloppes, écriture, tous des matériaux utilisés dans la correspondance, ont donc beaucoup dimportance. Aux couleurs blanches et noires, les oeuvres sont reliées aux conflits qui brassent la planète et touchent lensemble de la thématique de la paix, de la guerre, de la mort et de lespoir. Lexposition nest pas liée à un conflit précis même si les événements qui se sont produits depuis les attentats du 11 septembre, provoquent nécessairement une réflexion. «Cest certain que, depuis le 11 septembre, on est peut-être plus éveillé aux conflits planétaires. Moi, personnellement, je sentais le besoin de faire une exposition en relation avec la notion de la paix et cest pour ça que jai pensé à Shahla Bahrami parce que son oeuvre a un niveau de lecture qui est politique», déclare Lise Robichaud. Née à Téhéran, Shahla Bahrami qui a fait des études en Iran et au Canada, travaille depuis une dizaine dannées autour de la thématique de la violence partout dans le monde. Bien quil sagisse dune exposition commune qui sétend dans les trois salles de la GAUM, elles proposent chacune leur propre projet. Les deux grandes salles correspondent par une sculpture au sol faite denveloppes blanches symbolisant la fragilité de la paix. Shahla Bahrami expose de grandes oeuvres sur tissus qui représentent des femmes portant le tchador. Dans ses oeuvres, elle intègre des textes écrits dans sa langue dorigine, le persan. Ce sont des poèmes de poètes iraniens du 12e ou 13e siècle. «Dabord, je choisis le sujet et ensuite, je choisis le poème qui va avec mon sujet. Par exemple, si cest la femme en tchador, jai choisi un poème qui parle dune femme malheureuse, opprimée et sans liberté. Par exemple, jai une série sur des prisonniers politiques, et le poème parle de prison, aussi de manque de liberté et de la valeur de la liberté», explique-t-elle en précisant que cette technique souligne aussi sa culture et la fierté quelle a dêtre iranienne. Dans lart iranien, la peinture et la littérature sont liées ensemble. Sur un autre mur, figurent des enveloppes sur lesquelles il y a des mains. Dans un sens, les mains représentent un oiseau et dans lautre, elles sont attachées. Un peu plus loin, on découvre une série de talismans sur la paix. «Malheureusement, je pense quil ny a pas despoir pour la paix et quand on ne trouve pas la solution pour notre problème, on va vers quelque chose de plus spirituel et magique alors jai fait ces talismans pour au moins montrer mon désir de la paix», poursuit lartiste. Pour sa part, Lise Robichaud pense plutôt quil y a de lespoir pour la paix. Celle-ci a travaillé sur la thématique du deuil et de la guerre par le biais dun jeu narratif. Dans la grande salle quelle occupe, elle raconte un peu une histoire qui se joue entre une structure en trois dimensions au mur (les endeuillées), des images photographiques et une installation denveloppes. Le chiffre 11 revient souvent dans ses oeuvres. «Jai joué avec les formes et il y a un rapport entre les trois installations. Les gens vont voir ce quils veulent mais moi jaime ça faire un peu du narratif», ajoute-t-elle. Le vernissage de cette exposition a lieu à la GAUM aujourdhui (mercredi) de 17 h à 19 h. Lors du vernissage, Sylvia Kasparian, une spécialiste des langues, va parler quelques minutes sur les liens entre les différentes langues. |