Herménégilde Chiasson :

J’ai commencé à faire des images par ordinateur, il y a très longtemps, en fait au moment où j’ai fait l’acquisition du premier ordinateur MacIntosh mis sur le marché par Apple et qui était alors vendu avec un logiciel d’écriture McWrite et un autre de dessin MacPaint. Je me souviens qu’avec cette technologie plutôt rudimentaire j’avais participé, quelques années plus tard, en 1984, à une expérience d’écriture internationale qui avait pour titre Marco Polo.

Le projet consistait à mettre en relation huit écrivains de la francophonie reliés par fax ou modem et qui écrivaient au jour le jour un chapître d’un roman dont les personnages et les situations étaient en interaction les uns avec les autres. Ces chapitres étaient ensuite acheminés vers chaque écrivain qui avait la liberté de poursuivre le roman à partir de l’un ou l’autre des écrits de ses collègues de projet.

Quant à moi je faisais partie du projet en tant qu’illustrateur, prenant des situations qui me suggéraient des images que je devais par la suite traduire en dessins exécutées au moyen du logiciel MacPaint que je connaissais alors très bien.

J’ai toujours été fasciné par les effets uniques que le signal digital peut produire au sens où ce sont des effets qu’aucun autre medium ne peut donner et qui de plus sont propres à ce mode d’expression. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai continué à faire de l’illustration en mettant en évidence ces propriétés que seul l’ordinateur est capable de générer. Il m’a toujours semblé absurde de prendre un médium tel que le dessin par ordinateur pour essayer de le dénaturer en lui faisant imiter le pastel ou le fusain.

Pour ce qui est de la galerie virtuelle, je crois pour moi qu’il est important de fournir des situations aussi intangibles que les images qui vous sont offertes présentement, c’est à dire des images aussi illusoires que la lumière qui les porte.

Ainsi de promettre un concert avec la voix des anges est une manière poétique d’éviter le sujet en le renvoyant dans une dimension qui autrefois était aussi intangible que les signaux magiques de l’ordinateur le sont devenus pour nous.

Une sorte de clin d’oeil ironique entre deux époques et une manière d’établir une certaine complicité entre les deux.


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