Galerie d'art de l'Université de Moncton (suite...)
- Catherine Linfield -
«Female Abuse by Patriarchal Societies»
«Circumscision (abstracted spheres)»
©1995 - Catherine Linfield
29 sphères, approx. 43 cm (20 pouces) chacune
Argile cuite et fil de fer
«
Cette exposition fait partie de mon travail en cours sur les femmes abusées par les religions dirigées par les hommes des derniers 2000 ans. La religion étant un ensemble de règlements organisés, institutionnalisés et démoralisés, dont bénéficient les membres plus fort de la société. »
- Dans mes oeuvres, je prends le plus souvent pour sujet la figure humaine. Je préfère que mes esquisses préliminaires possèdent la précision anatomique et je construis ensuite à partir de cette base correcte. Ma sculpture est devenue plus organique depuis un an mais on trouve toujours l'esquisse correcte autour de laquelle la sculpture est constituée.
- Je travaille toujours à partir des émotions. Mes émotions tranquilles transparaissent dans mes dessins et peintures. Le trait net de la plume, de l'encre, du fusain me permet de me sentir calme et sensuelle quand je trace ligne après ligne sur le papier blanc. La sculpture d'argile me laisse épancher ma colère. Dans l'argile j'ai pu passer mes sentiments face à la circoncision, la maternité, l'avortement, le meurtre, la mutilation et la mort. L'argile, c'est immédiat et c'est plastique. Je peux plier, couper et mutiler en toute impunité, et obtenir un résultat très vivant.
- Quand j'arrache, je déchire et je coupe l'argile, je me retrouve en étrange posture. L'argile dégage une telle sensation de chair que je peux concevoir ce qu'on peut ressentir à mutiler un corps vivant.
- L'argile évoque aussi la sensation des fesses de bébé. Le fait de lisser et de presser cette matière me touche dans ma nature de mère et de grand-mère. Je prévois un jour faire des choses très douces dans l'argile.
- Je ressens un malaise physique et une irritation mentale si je ne crée pas régulièrement. La création, que ce soit du dessin, de la peinture, de la sculpture ou plutôt de l'artisanat, est essentielle à mon bien-être. Je me sens devenir un être puissant quand je produis quelque chose qui n'existait pas auparavant.
- Quand je choisis d'exposer, je le fais seulement avec les oeuvres qui peuvent être comprises dans le milieu où a lieu l'exposition. J'habite dans une communauté qui n'a pas reçu d'éducation visuelle. Combien de fois n'ai-je pas entendu les gens dire «mais je sais ce que j'aime». Je suis rendue à une étape dans ma carrière où je désire communiquer avec ces gens-là. Pour susciter leur désir de voir mes oeuvres, j'y mets de cet élément de «je sais ce que j'aime». En donnant à mes oeuvres une beauté matérielle - riches couleurs sur l'argile, belles lignes soutenues dans mes pièces en deux dimensions, agencement d'éléments tactiles - les gens les regardent et reçoivent mon message, consciemment ou non.
["Circumscision", © Catherine Linfield, 1995, détail]
- Le Bouddha a dit que toute chose est vouée à la désintégration. Cela me donne un grand sentiment de liberté dans l'art. Sachant que mes oeuvres disparaîtront un jour (comme mon corps), je me sens libre de faire à ma guise. Je n'ai pas besoin de faire de l'art pour impressionner les autres. Ni non plus de faire ce qui est à la mode durant la présente décennie. Je ne suis tenue à rien que je considère étranger à mon oeuvre. Je ne réponds qu'à moi-même. Moi aussi «je sais ce que j'aime».
- Pour l'avenir, je prévois venir en aide à d'autres gens comme moi. Il y a quatre ans, je n'avais pas idée de ce que le monde de l'art pouvait m'apporter. J'ai eu la chance de faire des expériences - de voir, d'étudier, de vérifier, d'essayer toutes sortes de styles et de théories de l'art - dont la plupart des gens de mon âge ne peuvent que rêver. Ceux et celles qui ont dépassé la quarantaine vont rarement à l'université. L'hypothèque, les paiements d'auto, l'éducation des enfants sont quelques-uns des nombreux empêchements à la réalisation de leurs propres rêves. Je veux que ces personnes puissent profiter des mêmes occasions qui sont offertes aux jeunes de vingt ans sans grandes responsabilités. L'enseignement dont disposent les plus âgés ne devrait pas se confiner aux calendriers et aux cartes postales. Parmi ces personnes il y en a beaucoup qui ont envie d'aller plus loin, tout comme moi autrefois.
- Mary Frank est l'artiste qui m'a le plus influencée quand au choix de l'argile comme médium de sculpture. J'admire la manière dont elle empile des segments déformés de la figure féminine. Chaque segment fonctionne avec sa vie et son rythme propre dont l'effet s'additionne quand les segments sont combinés en une seule oeuvre.
- La citation de W. Kandinsky qui suit m'a soutenue au cours des dernières années passées à apprendre à faire de l'art.
«L'artiste doit rester aveugle aux distinctions entre les conventions formelles «reconnues» et «non reconnues», sourd aux enseignements et exigences transitoires de son époque. L'artiste ne doit voir que la tendance de son besoin intime, ne doit écouter que ce propos.»
[Catherine Linfield, 1995]
-Appuyez ici pour retourner à la page d'accueil de la GAUM.
(Cette page a été mise à jour le 5 mars 1996 par L. A. Charette)