Référence : Christian Roy, Le Front (Moncton, Université de Moncton), 23 février 2005, p. 21

 

Du permanent et de l'éphémère
Exposition d'André Lapointe: Sur une plage

 

Il n'y a qu'un 19 février, tapi dans le milieu de l'hiver, avec ses 24 petites heures toutes comprimées dans un petit rectangle blanc sur le calendrier et il n'a rien de permanent. Que de plus éphémère que le temps et les saisons, que cette, oeuvre continuellement renouvelée d'une dame Nature aux calottes fondantes? Eh bien, il y a, à la Galerie 12 du Centre culturel Aberdeen, une exposition pas comme les autres, c'est à dire celle du sculpteur et photographe André Lapointe, qui s'intitule "Sur une plage"

Cette exposition, dont le vernissage a eu lieu le samedi 19 février, est constituée de photographies numériques d'oeuvres d'art naturel (et, par conséquent, éphémères) que M. Lapointe, un gaspésien, a créées entre 2000 et 2005. Elle compte une dizaine d'installations, dont quelques diptyques. Parmi les oeuvres exposées, deux d'entre elles, intitulées "Érable troué" et "Lune de neige" sont construites dans le même arbre sur le campus de l'Université de Moncton.

L'artiste, qui est aussi professeur de sculpture à l'Université, fait preuve d'un imaginaire débordant et d'une patience inouïe dans sa création. Les images sont si évocatrices qu'on en questionne même la vraisemblance. Dans les diptyques, on ressent le passage du temps, le cycle des saisons et des marées. Dans la première photo d"Oursin, diptyque", par exemple, on peut voir une sculpture nature complétée, des pierres et des branches agencées sur un monticule de sable. Ensuite, dans la seconde photo, on voit l'oeuvre après qu'elle ait été ravagée par la marée haute. Il y a donc un affrontement constant entre la nature ponctuelle et éphémère, de l'oeuvre et la permanence des photographies qui la documentent constat qui exige certes un regard ludique sur les procédés auxquels l'artiste a fait appel, mais qui n'enlève rien à la magie des images.

André Lapointe, qui détient un diplôme en sculpture de l'École Bourgault, explique qu'il travaille "par soustraction" L'oeuvre "Érable en boule" explique bien ce procédé. En effet, il a déplumé de ses feuilles un arbre pour qu'il n'en reste qu'une boule, qu'il a ensuite photographiée. Par ailleurs, l'oeuvre "Les pierres islomanes" illustre un travail qu'il a effectué aux Îles-de-la-Madeleine, selon lequel des pierres de grès rouges qui proviennent des côtes acadiennes ont été façonnées en formes étranges et longues, puis placées "ça et là dans le paysage madelinot", comme on peut le lire dans le communiqué de presse de l'exposition. Le but de l'oeuvre est de tromper l'oeil des passants qui verront ces pierres rouges qui ne se retrouvent pas naturellement dans ce décor. Il s'agit de voir si les madelinots les adopteront.

En terminant, il peut être utile de mentionner qu'André Lapointe démontre un engouement pour l'art naturel en milieu marin et qu'il expose régulièrement dans la région de Moncton. Notamment, il est l'auteur d'une exposition permanente, intitulée «Effleurements", au parc Amant de Dieppe. Avis aux intéressés, la magnifique exposition "Sur une plage" se poursuit jusqu'au 10 mars 2005 à la Galerie 12 du Centre culturel Aberdeen, sur la rue Botsford à Moncton.